photo d´un joueur

Eric

Eric a répondu à cette interview. Voici ses réponses :

C´est quoi qu´est bien quand on fait de l´impro ?

On raconte dans les légendes les plus folles l´existence ô combien incroyable d´une fontaine de jouvence où celui qui aurait l´honneur de tremper ses lèvres deviendrait jeune éternellement. J´en ris encore. Non mes braves.Mon but ici n´est point de faire de la peine à toute cette tripotée d´incrédules qui continuent de rêver devant leur miroir à l´existence d´un tel lieu mythique, et qui pour attendre s´enduisent la façade de crèmes anti-rides et autres barbituriques. Le grand secret de la jeunesse, mais ne le répétez pas, c´est de faire de l´impro chers amis. Dépaysement assuré, et pour pas un rond, dans les contrées chaleureuses de l´imagination qui roupille à l´intérieur de chacun d´entre vous.

Quel est le plus grand moment de solitude pour toi sur une scène ?

Brassens chantait : "Je ne fais voir mes organes procréateurs à personne, excepté mes femmes et mes docteurs". Contrairement à Tonton Georges, force est de constater que tout improvisateur arrive sur scène dans un état de nudité flagrant, la solitude ne faisant qu´accompagner cette douce sensation d´angoisse. Je tiens tout de même à signaler à tous les hommes pervers et autres femmes potentiellement intéressées que nudité s´entend dans un sens figuratif. Ça vous économisera une déception.

Si l´on devait te donner un surnom qui te décrive parfaitement sur scène, ce serait lequel ?

Je ne répondrai qu´en présence de mes avocats.

Ta rencontre et ton histoire avec Impropub ? (racontée à la manière d´une histoire d´amour par exemple)

Oh la la, c´est assez compliqué comme histoire. Si mes souvenirs sont bons, j´avais envie de faire de l´impro et je suis venu à l´atelier en évitant de payer la cotisation préalable. Non j´plaisante. Tout a commencé un jour d´orage dans les montagnes de l´Himalaya. Avec mon sherpa, on venait tout juste d´attaquer la face nord du Atakpaska, un sommet bien connu des croques morts spécialisés dans l´alpinisme. Nous avions de la chance. Il ne faisait que -45°. Et là un chaman nain aux grands yeux, qui jouait au solitaire au fond de sa crevasse, me fit (et ça je m´en souviendrai toujours) : "Cours-y vite à l´impro, tel est ton karma mec".

Et les vaches dans tout ça ?

n.f. 1. Femelle reproductrice de l´espèce bovine - vache à lait : vache élevée pour le lait qu´elle produit; vache à viande : élevée pour la viande qu´on tire de sa descendance. 2. Peau de bovin en général. Un sac à vache. 3. Personne méchante, très sévère, sans pitié. Peau de vache. Au regard de ces trois définitions tirées du best seller Le Petit Larousse en 146 volumes édition collector, je ne vois a priori aucun rapport avec le théâtre d´impro. Ou si peu.

L´impro est-il une fin en soi ?

No sir. L´impro reste une manière de se dépasser le temps d´un atelier, d´une représentation. De rentrer dans des situations biscornues, d´interpréter des personnages qui n´ont à première vue aucun rapport avec notre personnalité. Et pourtant. Si je dis halte-là schizophrénie, rentre chez-toi avec tes gros sabots, on ne peut se cacher à l´idée qu´en jouant autrui, on finit par se découvrir soi-même. Et c´est pour cette même raison, que l´impro, telle qu´on la découvre le temps d´un match, est un instrument qui peut et qui doit évoluer. Le public s´amuse, il est vrai, mais fait partie intégrante de "l´expérimentation" qui a lieu sur scène. Je milite logiquement pour de l´improvisation avec un public non averti, un public qui ne veut pas être public, qui ne fait pas la démarche de venir dans une salle, pour "s´marrer un coup". Je suis convaincu que l´impro doit se poursuivre dans la rue, un des derniers espaces où il reste possible de réveiller les fantômes, de casser de l´individualisme, de réanimer des foules endormies au son charmeur des médias et des messages publicitaires. J´accepte les critiques, les insultes et la Mastercard : ericrecoura@hotmail.com

Que doit-on répondre à ceux qui scandent "Non à la hausse des impros" ?

Paie ton rire (meuh).